Sur Exo-7, une planète lointaine balayée par des tempêtes de glace, les humains avaient établi une colonie minière. Leur objectif : extraire le Crysolis, un minerai d’une rareté inestimable, capable d’alimenter les vaisseaux interstellaires pendant des siècles. Sous les ordres de la Corporation Orion, les mineurs creusaient sans relâche dans les entrailles gelées de ce monde étranger.

Le quotidien des mineurs était éprouvant. Travaillant en équipes de douze heures, ils s’enfonçaient dans des tunnels sinueux, équipés de combinaisons chauffantes et de foreuses à plasma. La pression atmosphérique extrême et l’humidité glaciale rendaient chaque respiration douloureuse. Malgré les avancées technologiques, la poussière métallique du Crysolis s’insinuait partout, rongeant peu à peu leurs équipements et même leurs poumons. Beaucoup développaient des affections respiratoires, mais la Corporation Orion ne s’en préoccupait pas : chaque cycle, de nouveaux ouvriers arrivaient, attirés par la promesse de richesses colossales.

Les mines résonnaient de bruits sourds : l’écho incessant des foreuses perçant la roche, les explosions contrôlées qui faisaient trembler le sol, et le crissement des exosquelettes mécaniques supportant les charges de minerai. Pourtant, sous cette cacophonie, un murmure étrange subsistait, imperceptible aux oreilles humaines mais omniprésent dans l’air glacé. Certains mineurs affirmaient entendre un gémissement lointain, semblable à un soupir étouffé. D’autres parlaient d’un grondement sourd, comme un cœur colossal battant dans les entrailles de la planète. Mais chaque fois qu’ils osaient en parler, les superviseurs les réduisaient au silence : ce n’étaient que des hallucinations dues à la fatigue, disaient-ils.

Derrin, un mineur aguerri, s’aventura seul dans une galerie encore inexplorée. Il avançait prudemment, éclairant les parois translucides de son faisceau bleuté. C’est alors qu’il vit quelque chose d’étrange : une masse cristalline, palpitante, presque vivante. Lorsqu’il posa sa main sur sa surface, une goutte lumineuse s’en écoula, roulant lentement jusqu’au sol. Un frisson lui parcourut l’échine : le Crysolis... pleurait.

Il recula, observant cette étrange formation, dont la lueur semblait vibrer en réponse à sa présence. Chaque fragment arraché à la roche laissait derrière lui une traînée iridescente, comme une plaie béante. La lumière qui animait ces cristaux ne s’éteignait pas immédiatement après l’extraction. Elle clignotait faiblement, comme une lueur de vie s’éteignant dans l’agonie. Jusque-là, Exo-7 était considérée comme stérile, dépourvue de toute espèce consciente. Pourtant, ces pleurs n’étaient pas anodins. Derrin repensa aux tonnes de Crysolis déjà extraites, aux milliards de crédits générés… Et si chaque fragment avait été arraché à une entité souffrante ?

Il activa son communicateur :
— Docteur Vahlen, j’ai trouvé quelque chose. Il faut stopper l’extraction immédiatement.

Un silence tendu précéda la réponse :
— Derrin, vous savez que ce n’est pas une option. La Corporation ne tolérera pas de retard.

Il serra les poings. Était-il prêt à défier Orion ? Une autre larme de lumière coula devant lui, scellant son choix. Il enregistra un échantillon et coupa sa radio. Il devait avertir le monde avant qu’il ne soit trop tard.

Dans les profondeurs d’Exo-7, un cri silencieux résonnait, attendant d’être entendu.