Lors de trois mercredis en juillet et août, l’association "les chemins d’Ouroux", vous propose une soirée ou dégustation de produits du terroir et musique sont à l’honneur. Le but étant de faire revivre, pour quelques heures l’esprit du Tacot du Morvan
- Article mis en ligne le -Le nom même de l’événement, "Les Mercredis du Tacot", n’est pas anodin. Il rend un hommage vibrant à une page importante de l’histoire locale : l’ancienne ligne de chemin de fer à voie étroite qui traversait autrefois la région, affectueusement surnommée le "Tacot" par les habitants. Ce nom ancre immédiatement la manifestation dans le riche terreau du patrimoine morvandiau.
Décidée à la fin du XIXe siècle par le Conseil Général de la Nièvre, la construction de cette ligne de chemin de fer départemental fut un projet d’envergure, nécessitant près de vingt ans pour voir le jour. Représentant un investissement majeur au début du XXe siècle, la ligne reliait Corbigny, dans la Nièvre, à Saulieu, en Côte d’Or, sur une distance de 80 kilomètres, traversant le Morvan d’ouest en est.
Le premier tronçon, reliant Corbigny à Ouroux-en-Morvan, fut inauguré en grande pompe le 4 août 1901, une date choisie pour coïncider avec la fête patronale du village. Le Journal de la Nièvre relatait alors l’arrivée du premier train régulier, orné de drapeaux tricolores et de rubans verts, acclamé par une foule considérable venue accueillir les 180 passagers. Ouroux-en-Morvan devint rapidement une véritable "plaque tournante" de ce réseau. La commune comptait pas moins de trois arrêts : la gare principale au bourg, et deux haltes dans les hameaux de Chamerelle et de Coeuzon-Savelot.
Fait remarquable, le lieu même où se déroulent aujourd’hui Les Mercredis du Tacot, la Salle des Fêtes communale, n’est autre que l’ancien dépôt des locomotives de la ligne, reconverti en 1991. Ce bâtiment, ainsi que le quai d’embarquement attenant, sont encore en excellent état, témoignant de ce passé ferroviaire. La proximité de la fontaine Bellie, qui servait jadis à alimenter en eau les locomotives à vapeur Corpet Louvet de type 130T tous les vingt kilomètres, renforce ce lien tangible avec l’histoire.
Le Tacot jouait un rôle essentiel dans la vie quotidienne des Morvandiaux. Il transportait les voyageurs, permettant aux enfants de se rendre à l’école ou aux familles de se déplacer entre les villages. Il assurait également le transport de marchandises vitales pour l’économie locale : bétail, volailles, bois de chauffage et de construction, chaux, et même le granit extrait des carrières environnantes. Quatre trains circulaient quotidiennement dans chaque sens, de 5h du matin à 19h. Le trajet complet prenait environ quatre heures, à une vitesse moyenne de 20 km/h, ce qui valut à la ligne le surnom ironique d’"express du Morvan".
Malgré son importance, l’aventure du Tacot fut relativement brève. Dès le milieu des années 1930, sa fermeture fut envisagée. La baisse du trafic voyageurs et marchandises, concurrencé par l’essor de l’automobile et du camion, ainsi que des considérations de rentabilité à court terme, eurent raison de la ligne, malgré les protestations des habitants d’Ouroux qui soulignaient son utilité, notamment lors des intempéries. Le dernier train circula le 15 mars 1939, après seulement 38 années de service. Le matériel fut vendu et les rails démontés, envoyés aux usines du Creusot.
Aujourd’hui, l’héritage du Tacot n’est pas oublié. L’association "Les Chemins d’Ouroux", cheville ouvrière des Mercredis du Tacot, s’est donné pour mission de faire revivre une partie de cet itinéraire historique. Grâce au travail acharné de ses bénévoles, souvent surnommés les "tacoteurs", l’ancienne voie entre Ouroux et Montsauche a été dégagée et rendue praticable pour les randonneurs et les cyclistes. Des travaux ont été fait pour rouvrir le tronçon menant jusqu’à l’ancienne Gare de Razou, en direction de Lormes. Ces efforts de revitalisation, menés notamment lors de sessions de travail le mercredi , créent un lien direct entre le passé ferroviaire, le paysage actuel et l’événement festif qui le célèbre. Les Mercredis du Tacot deviennent ainsi bien plus qu’une fête : ils sont une commémoration vivante, un soutien symbolique et peut-être même financier à la préservation active de ce patrimoine local unique, renforçant le caractère singulier d’Ouroux, cet ancien nœud ferroviaire au cœur du Morvan.
Chaque Mercredi du Tacot est une métamorphose éphémère. Dès le matin, l’espace autour de la Salle des Fêtes – ce bâtiment chargé d’histoire qui abritait autrefois les locomotives – s’anime sous l’impulsion des bénévoles. Des barnums sont montés pour abriter les convives et les différents stands. Un espace bar ("buvette") prend forme, tandis qu’un autre est dédié à l’achat des tickets repas, sésame indispensable pour goûter aux délices de la soirée. Tables et chaises sont disposées, prêtes à accueillir les conversations et les rires. Cette installation, qui disparaîtra le lendemain , demande une organisation bien huilée et témoigne de l’engagement de la communauté.
La "restauration" et la "buvette" sont au cœur de l’événement. Le menu, différent à chaque édition, promet de belles découvertes culinaires. Il en va des assiettes de charcuterie préparées avec soin dans la cuisine de la Salle des Fêtes, des magrets de canard grillés à la plancha, accompagnés de frites croustillantes, de fromage et de desserts variés. C’est par l’achat de tickets vendus sur place qui permet d’accéder à ces mets. L’atmosphère est à la gourmandise partagée, les tables se remplissent vite, signe de la popularité de ces rendez-vous. Les effluves appétissantes flottant dans l’air sont présentes comme le tintement des verres et le joyeux brouhaha des convives profitant de la douceur estivale.
L’"ambiance musicale" est un ingrédient essentiel des Mercredis du Tacot. Souvent, un groupe assure l’animation, comme le groupe "Come Back" lors de l’édition 2024, dont la musique a fait danser les participants jusque tard dans la nuit. Parfois, des musiciens invités se joignent à la fête, ajoutant une touche d’imprévu. L’atmosphère générale est résolument conviviale et chaleureuse. Il s’agit d’un "moment de convivialité fort apprécié", du "plaisir de se retrouver ensemble", et soulignent combien "les mercredis du Tacot sont appréciés".
On y retrouve des visages familiers, habitués de ces soirées ("Les mêmes visages, les mêmes rires" ), mais la popularité de l’événement attire aussi de nouveaux venus, créant un brassage sympathique entre locaux et visiteurs. Au cœur de cette réussite, il y a les bénévoles. Leur présence est palpable, non pas comme de simples exécutants, mais comme des membres actifs de la fête, partageant le plaisir et l’enthousiasme. Leur sourire, comme celui de Michel, est le reflet de cet esprit communautaire qui anime les Mercredis du Tacot. C’est cette implication bénévole, ce sentiment d’appartenance partagé, qui confère à l’événement son caractère authentique et profondément humain, loin des manifestations purement commerciales. Ces soirées, bien que temporaires ("espace qui disparaitra" ), laissent des souvenirs durables, précieusement conservés par les photos et les récits.
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Le "Tacot du Morvan", une ligne de chemin de fer à voie étroite reliant Corbigny à Saulieu, a sillonné le cœur du Morvan de 1901 à 1939. Conçue pour désenclaver cette région montagneuse, elle a facilité le transport de marchandises et de voyageurs, marquant ainsi l’histoire locale. Bien que disparue depuis longtemps, son héritage subsiste à travers les vestiges de ses gares et son tracé, rappelant un passé où le "tacot" rythmait la vie du Morvan.